Ce jour là, maman me dit :" je t'en prie, va à la maison de retraite, voir cette vieille amie, tu n'as que trop tardé .
"Voir des vieillards, des handicapés, quelle corvée ! "
"Mais enfin, c'est par charité...!
Le grand portail s'est ouvert sur ce triste univers... c'est du moins ce que je pensais ...
Tiens, mais j'entends des cantiques ... Ils ont donc quand même un prêtre pour leur dire la messe...
En moi, du fond de mon passé d'enfant de chœur, une Parole est remontée : "Vois, comme le Bon Dieu aime venir chez les pauvres
"
Ils étaient là, recueillis, certains comme endormis ... que restait-t' il de leur vie? et tout à coup, j'entendis la parole d'Isaie
:
" Les oreilles des sourds s'ouvriront, le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie ... Un bonheur éternel
transfigurera leur visage, douleur et plainte auront pris fin..."
Qui étais-je, dans mon insolente jeunesse pour décider de la valeur de ces existences blessées ...?
Tout à coup, de la salle voisine jaillirent les notes d'une guitare et la voix vibrante d' un chanteur ...
Médusée, je vis valser des fauteuils roulants poussés par les aides soignantes en tabliers blancs et vaille que vaille, les moins
éclopés , à petits pas sur la piste se risquaient ...et des rires fusaient, la joie éclatait... ils étaient si heureux dans cette ambiance de fête, entourés de joyeuse affection que lorsque la
fête fut finie, le portail franchi, je compris que l'apparence est comme un vêtement usé qui cache un cœur qui n'a pas perdu sa jeunesse, un cœur vibrant encore à la vie à la joie et c'est
Dieu même qui est le chef d'orchestre .
Jocelyne B.
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