Je te salue, ô Reine immaculée et fine,
Souveraine que vêt un long manteau d'hermine!
Tu t'es vue à ma vitre, et ma vitre, en hommage,
A retenu captif ton radieux visage!
O Reine de blancheur, si fragile et si douce,
Le sol noir sous tes pas fleurit de blanche mousse!
Le Vent porte ta traîne et balance tes voiles,
La Nuit pose à ton front sa couronne d'étoiles!
Et l'arbre, qui n'a plus de sève ni de force,
Frémit quand tes bras clairs étreignent son écorce!
Si le petit enfant t'adore, ô pure Dame,
C'est qu'il peut comparer ta candeur à son âme!
Et pour te caresser, rieur, ses deux mains frêles
Ont la légèreté de deux petites ailes!
Tu marches sur les toits, secrète, à l'heure brune,
Et tu reçois le grand baiser bleu de la lune!
En ce jour où tu vas en robe lumineuse,
Je te salue, ô Neige humble et silencieuse!
Albert Lozeau ( 1878 - 1924 ) dans Recueil : Le Miroir des jours

Notes sur l’auteur : Né à Montréal, Albert Lozeau étudie à l'Académie Saint-Jean-Baptiste. À l'âge de 18 ans, il est paralysé, ce qui lui permet de
développer ses talents littéraires. Émotif, solitaire et nostalgique, il écrit des vers mélancoliques sur la nature, ce qui lui vaudra d'être inclus dans la littérature du terroir. Il était
membre de l'École littéraire de Montréal. Décédé en 1924, il a été réédité par Pierre Nepveu en 2002.
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