C’est une petite fille qui parle de son papa, il est parti au ciel trop tôt, à son goût.
Elle a grandi depuis.
Elle sait qu’il est simplement passé de l’autre côté de la pièce
Et qu’il l’attend.
C’est sa foi aujourd’hui, qui le lui dicte.
La gerbe énorme de jonquilles
qui implose sémaphores,
au bout de ses bras.
La petite fille juchée,
maintenant
pour l’éternité,

Les bras en fleurs sur le chariot,
derrière ce vélo,
qui décrit courbes et recourbes…
La petite fille criaille à tue-tête
dégueule du jaune en chemin, sur sa robe mauve.
La petite fille descend du chariot, précipitamment…
« Soleil ! Soleil ! »
a dit
le papa qui rit,
accueille des bras,
avec ses grands bras,
la charge d’éclat dans son atelier
envahi fatras, de tissus d’homme pour homme.
Un peu de jaune, naturellement
dans le cou du papa, qui rit maintenant,
du soleil en gerbe qui lui saute, au cou au papa
qui joue
toute la journée :
à couper,
poser,
coller bout à bout,
des bouts
de chiffons, que porteront les messieurs tout neufs.
La petite fille aime que papa rit
franchement,
du jaune pétale écrasé dans sa voix.
La petite fille aime, les pieds crottés par la terre du chemin mouillé
que la pluie de jonquilles inonde la maisonnée,
au point que papa penché,
l’aiguille et le dé à son majeur,
sur une chaise empaillée,
penché,
coud, s’amuse
prisonnier des fragments de tissu
qui jonchent.
Elle reconnaît infailliblement, cet exilé permanent,
penché
aiguille et dé dans son atelier.
Equerre. Ciseaux. Craie. Table de travail.
C’est pourquoi, elle l’attend « sanctuaire» dans son atelier,
le rire s’est évaporé et le jaune avec.
Anne-Marie D.
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photo2
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