Amis du Jardinier de Dieu

Homélie pour la nuit de Noël

Publié le 25 Décembre 2016 par Père Dominique Degoul in homélie

Une nuit, dans l’étable d’une auberge de Bethléem, petit village d’une province excentrée de l’empire de Rome, un enfant nait.comme des milliers d’autres ce jour-là.
Evénement presque insignifiant, qui arrive peut-être juste à temps pour ajouter une unité au grand recensement de tout son empire qu’a commandé l’empereur Auguste.
Quand il vient dans l’humanité, Dieu est discret. Il n’y a presque rien à voir.
Rien à voir, sauf pour quelques bergers : un ange du Seigneur, tout en lumière et en gloire, vient leur annoncer le sens de l’événement.
Ce petit enfant, qui nait dans la ville de David, Bethléem, c’est le Messie, le roi qu’on attend depuis des siècles ; c’est le Sauveur ; c’est le Seigneur lui-même.
C’est donc aux bergers que la nouvelle est annoncée d’abord : des hommes pauvres, qu’on estime peu, …Cette bonne nouvelle sera une grande joie pour tout le peuple, mais elle doit passer par ceux qui en ont le plus besoin les pauvres du Seigneur, ceux qui ne peuvent se reposer sur rien d’autre que sur le Seigneur lui-même.
La bonne nouvelle de Noël n’est pas faite d’abord pour la part de nous-mêmes qui se trouve prospère et satisfaite la bonne nouvelle de Noël vient d’abord à la rencontre de nos pauvretés intérieures : cette part de nous-même irrémédiablement inconsolable, qui n’ose plus espérer quoi que ce soit de la vie, ou de Dieu ; cette part de nous-même qui fait notre honte, secrètement ou publiquement, parce qu’on nous a appris à ne pas l’aimer, parce que nous avons compris, mal compris, que Dieu ne peut pas l’aimer ; cette part de fatigue devant la vie telle qu’elle est, cette part d’angoisse devant l’avenir qui nous attend. C’est à cette part de notre humanité qui marche dans les ténèbres que s’adresse la grande lumière de Noël.
Noël s’adresse à cette part intérieure de nous-même qui nous met en souffrance ; Noël s’adresse à cette part de notre humanité qui crie sa souffrance devant l’injustice du monde, devant les mensonges, devant les violences … cette part de notre humanité qui crie, ou qui ne sait plus quoi dire…
Aujourd’hui, à notre humanité, Dieu fait une promesse : les bottes qui frappaient le sol, les manteaux couverts de sang, les voilà brûlés, comme un mauvais souvenir. On n’en a plus besoin. Voilà la promesse que fait Dieu.
Et quel est le signe que la promesse s’accomplit ? « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ». « un nouveau-né couché et emmailloté dans une mangeoire. »
Comment sera-t-il prince de la paix, ce tout-petit sans puissance ?
Un petit enfant incapable de parler, ce serai lui la parole de Dieu ?
Oui, c’est bien lui ! Voilà comment Dieu réalise sa promesse : sa Parole devient un homme pour apprendre à parler notre langue d’homme.
Lorsque nous regardons notre humanité, nous avons parfois du mal à trouver des raisons d’espérer ; mais Dieu, lui, s’est souvenu qu’il a créé l’homme à son image ; Dieu est devenu un petit enfant, il a rejoint sa propre image.
Dieu n’a pas éprouvé de répulsion pour son image, pour ce que nous sommes ; il est venu sauver notre humanité, non pas de l’extérieur, mais de l’intérieur, en devenant un de nous, parmi nous.
Nos angoisses, nos limites, nos tristesses, Dieu vient s’y plonger lui-même : Jésus les a éprouvées, il a connu de l’intérieur la faim, la soif, les larmes, la tentation, l’injustice, la dérision, et même les violences jusqu’à la mort ; toutes ces choses, Jésus les a éprouvées pour les orienter selon Dieu, pour qu’elles ne nous fassent plus perdre le cap, pour qu’elles ne nous fassent plus dévier de cette bienheureuse espérance qui nous réunit ce soir.
Dieu nous a créés, et parfois nous pouvons avoir le sentiment qu’il est lointain ; mais depuis le moment où Jésus a été mis au monde, nous devons nous rappeler que Dieu lui-même a vécu, de l’intérieur, tout ce qui nous trouble.
En tout cela, nous ne sommes pas seuls :
Jésus, c’est l’Emmanuel, Dieu avec nous.
Nous ne serons plus jamais seuls, voilà la bonne nouvelle de Noël.
Voilà pourquoi le chœur des anges chante sa joie, la gloire de Dieu, et la paix que les hommes pourront trouver dans la présence de ce petit enfant.
Alors, juste après cette homélie, au « je crois en Dieu », on te proposera de t’agenouiller, à l’expression « il a pris chair de la vierge Marie, et s’est fait homme ».
Alors si tu le peux, agenouille-toi, mais ne regarde pas vers le ciel, Dieu n’est pas loin, au-dessus de nous,
il ne requiert pas notre soumission devant sa grandeur et sa hauteur… agenouille-toi pour te mettre à la portée de l’enfant qu’il a décidé de devenir.
Quand il vient dans l’humanité, Dieu est discret. Il n’y a presque rien à voir, mais tout change.
Les moniales cisterciennes chantent au Seigneur Jésus :
Ta vie
Épouse notre mort,
Nos corps
En toi vont ressurgir ;
Le cœur
S’étonne et s’émerveille :
Un enfant nous conduit jusqu’au ciel !

Père Dominique Degoul

 

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